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toul, Régère, Jourde, Trinquet, Champy, Descamps et Ulysse Parent, comparaissaient devant ce Conseil. Avec eux se trouvaient aussi les citoyens Lullier et Férat, tous les deux membres du Comité central le 18 mars.

Ce procès dura presqu’un mois. Durant tout ce temps les accusés furent injuriés par le président du Conseil, le colonel Merlin[1], et par le commissaire rapporteur, le commandant Gaveau.

Le président s’oublia un jour, au point d’interrompre le citoyen Ferré qui, présentant lui-même sa défense, déclarait qu’il laissait à ses amis le soin de défendre sa mémoire. « La mémoire d’un assassin ! » exclama M. le colonel président, trahissant ainsi la résolution bien arrêtée de condamner l’accusé, avant même que les débats fussent terminés.

Et de fait la condamnation ne se fit pas attendre. Le citoyen Ferré fut condamné à mort ; Lullier le fut également, mais seulement pour la forme, la connivence de ce dernier avec Versailles ayant été établie. Quant aux autres, à l’exception de Courbet et de Victor Clément, condamnés à quelques mois de prison ; de Descamps et d’Ulysse Parent, qui furent acquittés, tous furent condamnés à la déportation, soit simple, soit dans une enceinte fortifiée[2].


Et depuis le 7 août, pour Paris seulement, les

  1. Colonel du génie. — Ce même officier, qui comme président avait condamné Ferré à mort, commandait les troupes qui, à Satory, le 28 novembre 1871, avaient été mises sur pied pour veiller à l’assassinat des citoyens Ferré, Bourgeois et Rossel. — Il réunit ainsi en sa personne les deux fonctions de juge et de bourreau.
  2. Les malheureux Trinquet et Urbain furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité. La dignité du citoyen Trinquet, durant les débats, fut telle, que les ennemis les plus acharnés de la Commune en furent émus eux-mêmes. La rage de ses juges la lui fait payer cher. — Les journaux annonçaient en novembre que Trinquet, expédié au bagne dès sa condamnation, était soumis à un régime exceptionnel et qu’on ne lui accorderait le régime ordinaire des forçats que lorsqu’il « se serait montré digne de cette faveur par une conduite exemplaire ! »

    Est-il possible de pousser l’infamie plus loin ?