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d’infâmes dénonciations, ont été jugées, trois mois après, devant la prétendue justice militaire, et aucun fait d’incendie n’a pu être sérieusement relevé contre elles. — Trois ont été condamnées à mort par les assassins juridiques de Versailles, non comme incendiaires, mais comme ayant fait le coup de feu aux barricades[1] !

Ainsi tomba l’histoire des pétroleuses, devant même un tribunal composé d’ennemis transformés en juges pour les besoins de la cause.

Mais, nous le répétons, des milliers de femmes et d’enfants n’en avaient pas moins été massacrés ou traînés à Versailles. On les y parqua, ainsi que les nombreuses colonnes des fédérés qu’on amenait prisonniers, dans tout ce qui put être converti en lieu de détention[2].

On entassa par centaines une partie de ces malheureux dans les caves des casernes qui entourent le palais. Là, privés d’air, de lumière, ils demeurèrent plusieurs semaines, attendant leur tour de départ pour les pontons, en proie aux émanations les plus horribles. Là aussi, mais sur une plus grande échelle, se renouvelèrent les épouvantables scènes qui s’étaient passées à la suite de juin 1848, dans le souterrain qui longe le quai des Tuileries. Des malheureux, pris de folie, appelaient à leur secours : on tirait dans le tas, à travers les soupiraux, pour les remettre à la raison !

  1. Voici les noms de ces infortunées : les citoyennes Marchais, Suétens et Rétiffe, condamnées à mort ; les citoyennes Papavoine et X*** à la déportation (4e conseil de guerre, siégeant à Versailles).
  2. À l’heure où nous écrivons ces lignes, plus de cinq mois après leur arrestation, cinq cents femmes au moins, et plus encore d’enfants, dont le seul crime est d’appartenir aux partisans de la Commune qui ont pu échapper à leurs bourreaux, sont encore détenus, attendant la clémence de Messieurs de Versailles. — Un jeune garçon de 12 à 13 ans, le jeune Ranvier, fut incarcéré durant plusieurs mois, pour ce seul motif que son père avait été membre de la Commune et du Comité de salut public. Cet enfant, malgré toutes les menaces qu’on lui fit, refusa constamment d’indiquer l’endroit où son père s’était réfugié, malgré qu’il le connût fort bien.