Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/363

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 357 —

avait causé une stupeur véritable à l’auditoire, je m’étais écrié : « Ce n’est pas un cabas alors, mais une charrette que cette femme avait au bras ! »

Immédiatement saisi, bousculé, on ne parlait de rien moins que de me conduire au poste de la rue de Tournon, alors siège des fusillades sommaires pour ce quartier, lorsqu’heureusement quelques gens courageux me reconnaissant, parvinrent à m’arracher à cette foule, non sans me reprocher vivement « mon imprudence. »

Quoiqu’il en soit, l’invention des pétroleuses porta ses terribles fruits et les lâches vainqueurs de la Commune purent ainsi changer en fureur bestiale, contre de prétendus incendiaires, les sentiments d’horreur et de pitié que n’eût pas manqué d’exciter en faveur des vaincus la barbarie sans exemple avec laquelle on les traitait. C’était le but qu’on se proposait et il fut trop bien atteint.

En même temps que la presse consentait à jouer son rôle dans cette exécrable comédie, le maréchal Mac-Mahon, pour donner quelque vraisemblance à la peur imbécile qu’on avait su exciter, faisait placarder dans tout Paris l’avis suivant :

AVIS.

Tout commerce de pétrole est formellement interdit jusqu’à nouvel ordre.

Il ne pourra être fait d’exception que pour les préparations pharmaceutiques ; dans ce cas la demande en sera adressée à l’autorité militaire, qui n’y fera droit qu’après s’être entourée de toutes les garanties nécessaires.

Au quartier général, à Paris, le 2 juin 1871.

Or, on ne saurait trop le redire, cette abominable invention des pétroleuses dut se dénouer enfin devant les Conseils de guerre. — Cinq des plus signalées parmi les milliers de femmes entassées dans toutes les prisons de Versailles, ainsi que leurs enfants, à la suite