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fédéré, on fut obligé de reconnaître depuis que Millière n’avait occupé aucune fonction, administrative ni militaire, sous la Commune, dont il n’avait point été élu membre, nous ne savons trop pourquoi d’ailleurs.

Voici en quels termes le Figaro du 31 août 1871, rectifiait… un peu tardivement, il faut le reconnaître, ce qui avait été écrit pour justifier cet assassinat :

échos de paris.

On vient de rendre à la liberté madame Millière, en vertu d’une ordonnance de non-lieu.

Madame Millière n’était détenue que parce que son mari avait été fusillé[1].

Or, Millière — dont nous ne prétendons pas glorifier la mémoire — n’a pas été fusillé comme membre de la Commune, ni comme fonctionnaire à un titre quelconque de l’insurrection, puisqu’il n’y a joué aucun rôle. Il a été fusillé comme colonel de la garde nationale.

Ce qu’on ignore, c’est que le colonel Millière n’était pas du tout l’ex-député Millière. C’est la similitude de nom, jointe à la fâcheuse notoriété de l’ex-gérant de la Marseillaise, qui lui a valu d’être pris pour son obscur homonyme galonné, et exécuté, comme on l’a dit, sur les marches du Panthéon.

Devant un tel aveu cyniquement formulé par un journal que le gouvernement dut, quelques jours après, qualifier officiellement de feuille immonde[2], le lecteur peut se convaincre qu’en ce qui concerne l’infortuné Millière, nous n’avons rien inventé. Encore une fois, nous regarderions comme un crime sans excuse de rendre ces égorgeurs intéressants, en les calomniant.

Après Millière, un autre de nos amis, le malheureux

  1. Après avoir fait assassiner le mari, il était logique qu’on fit arrêter la femme. (G. L.)
  2. On se rappelle, à ce propos, que le rédacteur en chef du Figaro fut pris de la fantaisie de faire un procès en diffamation à l’Officiel. Il va sans dire que ce procès n’eut point lieu, grâce sans doute à la haute intervention de M. Thiers qui, un peu avant, avait envoyé une lettre des plus flatteuses à ce journal. — Entre assassins et insulteurs gagés, l’affaire ne pouvait manquer de s’arranger.