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tiennent à la Commune, ou qui lui sont sympathiques, seront fusillés ! »

Comment penser, en effet, si M. Washburn n’avait été, pour de bonnes raisons, convaincu de ce qu’il avançait, qu’il n’eût tenté d’empêcher ces horreurs ?

Mais, ce n’est pas seulement l’opinion de la presse officielle et policière ; ce ne sont pas seulement les paroles d’un ambassadeur quelconque, qui prouvent la préméditation des assassinats, ce sont les faits eux-mêmes qui le démontrent d’une manière irréfutable.

Partout où l’on croit rencontrer des membres de la Commune, ils sont fusillés sommairement, sans, qu’à l’exception d’un seul, l’infortuné Varlin, on se donne même la peine de constater leur identité. Jacques Durand, Raoul Rigault, sont fusillés sur-le-champ.

Un certain nombre de citoyens, ayant le malheur de ressembler tant bien que mal aux membres de la Commune, Gambon, Dereure, Lefrançais, Eudes, Andrieu, Vésinier, Sicard, Serrailler, Parisel, Johannard, Ostyn, Oudet, Demay, Cluseret, Protot, Ranvier, Avrial, Pillot, Brunel, Amouroux[1], sont aussitôt arrêtés et fusillés sommairement, sans, nous le répétons, qu’on se donne le temps de chercher sur eux quelque trace d’identité et sans même qu’on leur permette de protester contre cette épouvantable erreur.

Un de mes amis m’a affirmé depuis, m’avoir vu fusiller rue de la Banque ! Que le malheureux, massacré à ma place, eût eu le temps de prononcer quelques paroles et peut-être était-il sauvé !

Qui ne se rappelle que trois citoyens ont été, dans l’espace de quinze jours, successivement fusillés, comme étant Billioray ?

  1. Tous ces noms ont été plusieurs fois répétés par les journaux, comme ayant été réellement fusillés. — Deux mois après, le journal la Liberté, revenant sur quelques erreurs qui avaient été commises à cet égard, ajoutait, en ce qui concernait Lefrançais : « quant à celui-ci il n’y a fort heureusement aucun doute, il est bien réellement mort ! »

    Que dire de cet heureusement ? — À M. de Girardin de répondre, dans sa future édition du Droit de punir.