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avant la chute de la Commune, par le Journal officiel de Versailles, se préoccupant à l’avance de la mollesse que pourraient apporter, dans la répression, les juges qui en seraient chargés, si l’on se conformait aux promesses solennellement faites à la tribune de « ne pas interrompre le cours des lois : »

 

N’est-il pas à redouter que ces juges instruits, pleins d’érudition, salués à bon droit par tout le pays, n’aient, en faveur de ces assassins, les larges sentiments d’humanité que la distance leur permet ?

…Au moyen de ces rengaines de soutien de famille, le criminel ne peut-il pas attendrir ses juges ?
 

Faites un peu ce que les grands peuples énergiques feraient en pareil cas.

Pas de prisonniers !

Si, dans le tas, il se trouve un honnête homme réellement entraîné de force, vous le verrez bien : dans ce monde-là, un honnête homme se désigne par son auréole !

Accordez aux braves soldats la liberté de venger leurs camarades en faisant sur le théâtre et dans la rage de l’action, ce que de sang-froid ils ne voudraient plus faire le lendemain : Feu[1] !

if faut se reporter au XIIIe siècle, au siège de Béziers, pour trouver rien de pareil. La férocité bourgeoise a dépassé de cent coudées la haine religieuse et fanatique des Pierre de Castelnau et des Montmorency !

La diplomatie elle-même était dans le secret du carnage prémédité. Ainsi, il est maintenant avéré que, pressé de s’interposer, le 25 mai, entre les fédérés et Versailles, l’ambassadeur des Etats-Unis, M. Washburn, disait à M. Reed, un Anglais, que toute démarche de ce genre serait sans résultat, attendu que « tous ceux qui appar-

  1. Cette excitation au massacre émanait, nous a-t-on affirmé, de la plume de M. André Lavertujon — ex-rédacteur de la Gironde, à Bordeaux. — nommé, après le 4 septembre, rédacteur en chef de l’Officiel, qu’il continua a diriger il Versailles, durant la Commune, et qu’il dirige encore à l’heure ou nous écrivons ces lignes.