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de l’assemblée de Bordeaux, n’avaient manqué aucune occasion d’affirmer qu’il fallait enfin « détruire Paris, cette ville exécrable, refuge des passions révolutionnaires ; incessante menace contre tous les privilèges et contre tous les despotismes. »

Mais bien naïf eût été celui qui eût pris au sérieux la promesse de M. Thiers et de ses complices en cette circonstance.

L’homme qui, suivant la prédiction d’Armand Carrel, « ne doit mourir que d’un coup de pied, » ne pouvait s’embarrasser de si peu.

Décidé à tenir ses promesses, sans nuire en rien à ses projets de vengeance contre la « vile multitude, » M. Thiers donna l’ordre aux généraux, chargés de mener l’affaire, de ne point faire de quartier, surtout aux chefs militaires, aux notoriétés politiques compromises dans le mouvement et surtout aux membres de la Commune et du Comité central. Ces assassinats, exécutés sommairement, on les mettrait sur le compte de l’exaspération bien naturelle des soldats en pareil cas, auxquels était d’ailleurs donné, par surcroît, carte blanche pour massacrer du même coup autant de fédérés que leurs forces le leur permettraient. Puis, la, grande extermination des travailleurs terminée, on irait rendre « grâce aux dieux » d’avoir pu délivrer la patrie, sauf à livrer ensuite aux tribunaux les rares échappés à la vaste tuerie qu’on préparait.

Et qu’on ne vienne pas prétendre que nous prêtons gratuitement à nos adversaires d’aussi exécrables desseins. Les preuves en sont faciles à donner.

Commençons d’abord par donner celles que nous tirons des révélations de la presse elle-même.

Outre le Figaro, journal de police gouvernementale, qui, chaque jour, demandait à Versailles qu’on « délivrât Paris — en les fusillant sommairement au Champ-de-Mars — des deux cent mille gredins, fauteurs et agents de toutes nos révolutions, » voici ce qui fut publié, peu