Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 344 —

Nous savons une formule plus brève encore, qui a surtout le mérite de la franchise et qui au moins, elle, a la pudeur de ne parler ni d’ordre, ni de travail, ni de sécurité.

Nous trouvons cette formule dans le livre même d’un officier supérieur de l’armée de Versailles (Guerre des Communeux de Paris) qui, après avoir résumé les dispositions prises par l’armée des décembristes contre Paris républicain, ajouta cette phrase significative : « Le nœud coulant était donc passé complètement, il ne s’agissait plus que de le serrer. »

Oui, il eût été plus loyal, au lieu de parler de Paris délivré, alors qu’on voulait l’assassiner ; de parler d’ordre, de travail et de sécurité, alors qu’on organisait le massacre des travailleurs, le pillage de leurs pauvres demeures, l’arrestation de leurs femmes et de leurs enfants — quand on ne les fusillait pas immédiatement, — il eût été plus loyal, nous le répétons, de dire comme M. l’officier supérieur de Versailles :

« Parisiens,

» Nous venons nous venger enfin des humiliations sans nombre que nous infligea votre courage.

» Nous avons été assez heureux pour vous passer le nœud coulant, nous allons le serrer tout à notre aise. »

Et, de fait, c’est ainsi que se passèrent les choses.

Interpellé plusieurs fois à la tribune sur les mesures qu’il prendrait contre les fauteurs de la Révolution du 18 mars et leurs nombreux partisans, M. Thiers avait sans cesse répondu que « le cours des lois ne serait pas interrompu et que la justice seule aurait à se prononcer sur le sort des vaincus. »

C’était là un engagement pris pour la forme devant l’Europe, et afin de calmer les appréhensions bien naturelles qu’inspiraient aux gens de cœur les pensées de vengeances et de représailles qu’on supposait exister, non sans raison, chez ceux qui, depuis l’ouverture