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contre le despotisme, et surtout contre celui des pseudo-républicains de 1848, il avait payé sa haine contre Bonaparte d’une longue et cruelle captivité à Cayenne, et, depuis son retour de cet enfer, par une série de condamnations qui s’étaient succédées sans relâche jusqu’au 4 septembre.

Mais il devait être donné aux prétendus républicains du 4 septembre de se venger de l’honnêteté de sa vie politique et de l’inébranlable fermeté de son caractère, qui leur étaient un continuel remords. — Ils avaient commencé par le jeter à Vincennes, puis, plus tard, dans un humide et glacial cachot de la Santé[1], où ce vieillard indomptable contracta une maladie qui le devait aussi sûrement tuer que les balles versaillaises.

Nommé député au 8 février, il donna sa démission pour rester à la Commune, où deux arrondissements (les 19e et 11e) l’avaient envoyé siéger.

C’était là que l’attendait la haine de ceux que Vermorel avait si justement appelés les Vampires de 1848, les Jules Favre, les Simon, les Picard et autres sinistres misérables, dont, pendant vingt années, Delescluze avait signalé l’hypocrisie et la lâcheté.

Aussi, connaissant bien tout ce que leur cœur contenait de scélératesse, avait-il résolu de ne point tomber vivant entre leurs mains. S’il eût survécu à ses blessures, combien eût-il maudit la maladresse de son meurtrier !

Longtemps réfractaire aux questions sociales, dont alors il ne comprenait pas l’urgence, le réveil de ces questions en 1868 l’avait amené, peu à peu, aux idées nouvelles, et si quelques restes de préjugés jacobins marquaient encore certains de ses actes politiques, on peut affirmer que les préoccupations de même ordre, que manifesta la majorité de la Commune, avec laquelle il vota, et qui eurent une si désastreuse influence sur la marche de notre mouvement communaliste, l’en auraient certainement détaché avant peu.

  1. Succursale de Mazas, derrière le Jardin des Plantes.