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maisons, afin de s’abriter des balles des fédérés, s’emparait successivement des barricades, dont les défenseurs — lorsqu’il en survivait — étaient toujours fusillés sur place. Et, comme en juin 1848, l’énergie de ces derniers croissait en raison de leur moindre nombre, sans cesse diminuant, et aussi en raison de la certitude de l’inutilité de leur héroïque sacrifice.

Cernés entre la partie qui s’étend du faubourg du Temple à la rive gauche du boulevard Voltaire et à la rue de Montreuil, les fédérés et les derniers membres restants de la Commune durent évacuer le 11e arrondissement et se replier sur Belleville, protégés dans leur retraite par les batteries établies sur le point culminant du cimetière du Père-Lachaise et des buttes Chaumont.

Ils s’y tinrent jusqu’au 28 au soir, reculant pied à pied devant les forces croissantes de leurs ennemis, jusqu’à ce qu’acculés à la barricade de la rue Haxo, les derniers survivants durent être entraînés de force par les habitants du quartier et échapper ainsi à la mort certaine que leur préparaient les assaillants.

Durant toute cette lutte héroïque et à jamais mémorable, les femmes avaient été, elles aussi, admirables d’entrain et de dévouement. Un grand nombre furent lâchement massacrées jusque dans les ambulances où elles soignaient nos blessés au milieu de la mitraille. Les vainqueurs égorgeant ceux-ci sans pitié, n’était-il pas logique d’assassiner en même temps celles qui leur consacraient leurs soins et les entouraient de leur sollicitude ?

Le 27, Delescluze était tombé sur la dernière barricade de la place du Château-d’Eau, à l’entrée du faubourg du Temple. Ainsi se vérifia, pour lui et pour quelques autres, ce qu’il avait dit un jour à la Commune sur ceux qui n’y restaient que par devoir, décidés qu’ils étaient à remplir leur mandat jusqu’à la mort. Toujours luttant