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Père Lachaise les obsèques de Dombrowski. Vermorel retraça en quelques mots la glorieuse mort du jeune et héroïque chef militaire, et il engagea les fédérés qui assistaient à la funèbre cérémonie à faire courageusement leur devoir jusqu’au bout.

Donnant le premier l’exemple, Vermorel se multipliait avec une remarquable activité qui m’a fait amèrement regretter que les calomnies auxquelles il avait été en butte antérieurement ne lui eussent pas permis de prendre plus d’influence à la Commune. Nul doute pour moi que, placé à la direction de la guerre, son tempérament de fer, son inébranlable sang-froid, ne lui eussent fait donner une impulsion efficace et mieux coordonnée à cette partie si importante de la Commune.

Blessé grièvement dans la journée du 26, il dut, bien malgré lui, quitter le théâtre de la lutte. Quelques jours après, livré par la domestique d’un ami absent chez lequel il s’était réfugié, il tomba entre les mains de l’ennemi et fut transféré à Versailles où il mourut des suites de sa blessure. — Afin qu’aucun outrage ne lui manquât, les journaux réactionnaires racontèrent que — ayant sans doute profité des souffrances atroces qu’il endurait — on avait obtenu de lui la rétractation de ses convictions philosophiques et qu’un prêtre l’avait assisté dans ses derniers moments. Enfin quelques littérâtres, vivant exclusivement de récits orduriers, fort en honneur dans la presse dont le Figaro est le chef de file, déclarèrent que leur pudeur ( ?) était offensée qu’on eût osé mentionner la mort de ce martyr, dans une séance de la Société des gens de lettres[1] !

Deux jours encore, la lutte continua, sombre, acharnée, sans plus d’espoir.

L’armée versaillaise, se frayant soit à coups de hache, soit même à coups de canon, un chemin à travers les

  1. Ce fut un monsieur Ernest Daudet, fabricant de romans à gros numéros, qui se chargea de cette honteuse besogne.