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de la Commune, tombés entre les mains de nos ennemis, ne nous paraissent avoir jeté aucune lumière sur cet événement, malgré les témoignages suspects qu’on a fait intervenir contre notre collègue Ferré, qui en était spécialement inculpé.

Le citoyen Ferré, en effet, a courageusement revendiqué la responsabilité de tous ses actes devant le Conseil de guerre, alors que cette revendication le vouait à une condamnation certaine ; mais il a énergiquement nié toute participation à cette exécution, trop expliquée d’ailleurs par le caractère sauvage de la guerre faite à la Commune.

Ce point particulier de l’histoire de nos guerres civiles reste donc à éclaircir[1].

Nous venons de dire que cet événement, lamentable au point de vue humanitaire, n’était que trop explicable. Toute part faite, en effet, au sentiment de répulsion légitime qu’inspire d’abord toute scène de violence et de meurtre, il est évident que, quels qu’aient été les auteurs directs de cette tragédie, la responsabilité en remonte entièrement à M. Thiers et à ses lieutenants militaires.

Nous avons parlé déjà des efforts lentes par la Commune, pour obtenir l’échange de Blanqui contre M. Darboy, précisément arrêté en vue d’une semblable transaction. — Qu’on fut entré dans cette voie et la plupart des étages eussent été successivement échangés contre un certain nombre de nos amis tombés tout d’abord entre les mains de Versailles. Nous avons dit aussi comment et pourquoi M. Thiers, préférant la mort possible des otages — la désirant peut-être même — plutôt que de voir Blanqui, devenu libre, donner à ses amis de la majorité une direction plus sérieuse et plus pratique, les efforts de la Commune n’avaient pu aboutir.

  1. Même après le dernier procès fait aux exécutants présumés des otages, à la Roquette, et qui vient de se terminer par la condamnation à mort du digne et malheureux Genton, nous persistons à penser que Ferré ne fut point l’auteur réel de cette triste affaire.