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Avec quelques-uns de nos collègues, les citoyens Longuet, Vallès, Avrial, Jourde, E. Gérardin et Frænkel, nous parcourions incessamment les quartiers compris entre le Château-d’Eau, la Bastille et le boulevard Voltaire, pour nous rendre compte de la situation morale des combattants, dont l’ardeur n’avait point d’ailleurs besoin d’être excitée, et aussi pour transmettre à Delescluze et aux membres du Comité de salut public les remarques qui nous étaient fournies par les fédérés, ou les observations que nous avions relevées nous-mêmes.

Ce fut au retour d’une de ces tournées, le mercredi soir, 24 mai, vers 5 heures, que nous apprîmes, Vallès, Longuet et moi, le drame qui venait de s’accomplir à la Roquette.

Sur des ordres donnés, nous dit-on, par deux membres de la Commune dont on ne put nous préciser le nom ; sans qu’il en eût été parlé devant personne de nous, ni devant Delescluze, ni devant le Comité de salut public, un certain nombre d’ôtages parmi lesquels MM. Bonjean, Darboy, Deguerry, Sura, venaient d’être passés par les armes.

Notre première impression à tous trois fut un mélange de stupéfaction et de colère.

Comment un pareil ordre avait-il été donné par nos collègues, et pourquoi dans un pareil moment, alors que cet acte pouvait avoir pour les fédérés vaincus les terribles conséquences que nous ne prévoyions que trop ? Sans doute la qualité des personnages ne nous préoccupait guère, mais l’acte nous révoltait, de même que tous ceux de nos amis présents à la mairie, comme absolument barbare et indigne des principes de justice qui eussent dû guider la Commune jusqu’à sa chute finale.

Tous renseignements pris auprès de tous, y compris Delescluze, nous fûmes convaincus qu’aucun ordre émanant de la mairie du 11e arrondissement n’avait été donné concernant cette exécution.

Les débats du semblant de procès fait aux membres