Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 327 —

lument moral de brûler ce palais essentiellement monarchique, symbole abhorré d’un exécrable passé, et qu’on appelait les Tuileries ! Oui, je suis de ceux qui ont tressailli de joie en voyant flamber ce sinistre palais d’où était tant de fois parti l’ordre de massacrer le peuple et où tant de crimes anti-sociaux avaient été prémédités et glorifiés !

Les Tuileries sont brûlées ! gloire en soit rendue à ceux qui en prirent l’initiative courageuse et ont accompli cet acte de haute moralité et de haute justice populaire !

Je suis plus fier encore de cet événement pour mon pays que de la démolition de la colonne Vendôme, pour laquelle j’avais de grand cœur donné mon vote et qui s’était enfin effectuée quelques jours seulement avant l’entrée des Versaillais[1].

Quant au second incendie dont nous acceptons la responsabilité entière pour la Commune, celui du Grenier d’abondance, il fut le résultat des nécessités de la lutte. Déjà un certain nombre de soldats versaillais y avaient pénétré. Il fallait les en déloger à tout prix. Le feu fut considéré comme le moyen le meilleur pour arriver à ce résultat indispensable. L’ennemi dut en effet l’évacuer quelques instants après et rétrograder rapidement au delà du pont d’Austerlitz.

Cet incendie fut pour les fédérés un de leurs plus pénibles sacrifices, puisqu’il avait pour conséquence la perte d’une grande quantité de vivres qui y avaient été accumulés et qu’on ne put parvenir à sauver. Et il fallut que l’urgence en fût absolument démontrée pour que les fédérés se décidassent à cette mesure suprême.

Mais si nous acceptons au nom de la défense de la Commune l’incendie des Tuileries et du Grenier d’abon-

  1. Le mercredi 17 mai, ce monument d’une époque à jamais maudite par tous ceux qui aiment l’Humanité, la Justice et la Liberté, tomba aux applaudissements d’une foule immense, sur le lit de fumier qu’on avait préparé pour y recevoir la Gloire impériale !