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rondissement central étaient littéralement hérissées de solides barricades, garnies de défenseurs dévoués dont le nombre devait évidemment s’accroître, d’après nous, de tous les fédérés décidés à résister jusqu’à la fin et qui s’y fussent repliés au fur et à mesure qu’ils auraient été refoulés des extrémités. Qui peut savoir alors ce qu’eût produit l’énergique et suprême résistance qu’y devaient rencontrer les ennemis de la Commune et qui eût prolongé de quelques jours encore l’existence de celle-ci ?

Sans nous faire d’illusions sur les chances d’un succès définitif, nous espérions obtenir du moins et en raison des formidables moyens de résistance qui eussent pu être accumulés sur ce point, une capitulation permettant peut-être de sauvegarder Paris des mesures atroces dont ses implacables ennemis l’épouvantèrent après leur victoire.

Un irréparable désastre vint couper court à nos espérances.

Le citoyen E. Gérardin et moi, nous nous rendions à l’Hôtel-de-Ville, le mercredi 24, vers dix heures du matin, pour nous entendre avec le Comité de salut public, relativement aux derniers ordres à donner concernant la défense, lorsqu’arrivés dans la cour du grand escalier, nous rencontrâmes plusieurs personnes, parmi lesquelles le citoyen Bonvalet, venu, lui aussi, pour s’entendre sur les termes d’un armistice à proposer aux Versaillais. Ces citoyens sortaient effarés de l’Hôtel-de-Ville, nous engageant à nous retirer au plus vite : tout brûlait à l’intérieur, et l’édifice, dans les caves duquel une grande quantité de munitions avaient été enmagasinées les jours précédents, pouvait s’écrouler d’un moment à l’autre !

Le crépitement des flammes qui consumaient les boiseries et les draperies ; l’épaisse fumée qui sortait des fenêtres dont les vitres volaient en éclats, nous convainquirent tous deux de la triste réalité, et