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levard Magenta, sur le parcours desquels j’avais remarqué, non sans étonnement, l’absence presque complète de sérieuses barricades et de défenseurs.

Durant ce temps et par suite d’une incroyable inertie, les buttes Montmartre et leur artillerie tombaient aux mains des Versaillais, qui, aussitôt, dirigèrent nos propres batteries sur celles établies par les fédérés aux buttes Chaumont, au grand étonnement de nos amis qui ne pouvaient comprendre une semblable attaque venant d’un point qu’ils croyaient encore être en notre pouvoir.

Du côté ouest et nord-ouest, les progrès de l’ennemi étaient continuels. Les 10e, 8e, 17e, 9e et une partie du 18e arrondissement, jusqu’au boulevard Ornano, et au centre, tout le 1er arrondissement, étaient entre ses mains à la chute du jour, le 23 mai.

La défense tenait mieux du côté sud, protégée qu’elle était par les forts d’Ivry, de Bicêtre, de Montrouge, encore au pouvoir des fédérés et qui, ayant dirigé leurs batteries sur les points occupés par les Versaillais à l’intérieur, arrêtaient sensiblement la marche de ceux-ci.

Pénétrés de l’importance qu’allait sans nul doute bientôt avoir le 4e arrondissement, dans lequel l’Hôtel-de-Ville était compris, et convaincu que les derniers actes de la Commune s’y accompliraient, le citoyen Eugène Gérardin et moi, aidés des citoyens dévoués qui composaient la commission municipale et de quelques officiers dévoués, parmi lesquels nous citerons spécialement le citoyen Noro, chef du 22e bataillon, nous avions donné tous nos soins à la mise en état de défense de ce point important à nos yeux[1].

Toutes les grandes artères comprises dans cet ar-

  1. Dès le 23, nous étions restés seuls à la mairie, le citoyen Eug. Gérardin et moi, nos collègues les citoyens Amouroux, Arthur Arnould et Clémence avant successivement disparu depuis le 21 au soir, envoyés sans doute en mission sur d’autres points par le Comité de salut public.