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raient à la suite de la guerre avec la Prusse, et l’altitude de plus en plus hostile de la bourgeoisie devant les travailleurs, nous donnait la certitude d’un inévitable et terrible conflit entre ces deux éléments.

Or, en présence de la passivité de la presque totalité de la population parisienne devant le gouvernement du 4 septembre, attendant bénévolement jusqu’au 22 janvier l’exécution du fameux plan, nous ne conservions guère d’espérances quant au prochain triomphe des travailleurs, que nous étions loin de supposer capables de déployer l’énergie dont ils firent preuve plus tard.

Complètement découragé, Vermorel était décidé à partir pour les Etats-Unis, point vers lequel le poussaient ses besoins de lutte et d’activité.

Sa première pensée, en sortant de prison, le 26 février, après avoir été ainsi que nous acquitté par le conseil de guerre, fut de s’occuper des moyens de réaliser son projet.

Surpris comme bien d’autres par la soudaineté, sinon l’imprévu, des événements, il était parti de Paris quelques jours après le 18 mars, pour se rendre auprès de sa mère malade, n’augurant rien de bon des événements qui venaient de se dérouler.

Appelé à siéger à la Commune, par la volonté de plus de quatorze mille citoyens qui lui donnèrent leurs suffrages dans le 18e arrondissement, il apprit seulement par la voie des journaux, près de Lyon, la nouvelle de ce triomphe aussi inattendu que peu recherché. Sa première pensée fut de décliner cet honneur. Puis, réfléchissant que plus la situation offrait de périls, plus il était de son devoir d’aider le mouvement à dégager les revendications sociales dont il était gros, il prit rapidement son parti, et le 29 mars, c’est-à-dire deux jours après, il était à son poste de combat, résolu à y laisser la vie s’il était nécessaires.

Cette parole, qu’il s’était donnée à lui-même seulement,