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à la tête desquelles étaient établies de solides barricades. Plusieurs de ces obus étaient même tombés sur le Ministère des Finances qui, vers onze heures, commença de brûler[1].

Vers la même heure, le feu se déclarait successivement au palais de la Légion-d’Honneur et sur divers points de la rive gauche, qui ne purent nous être précisés par les estafettes qui en arrivaient à chaque instant à l’Hôtel-de-Ville.

Le soir même du 22, les troupes versaillaises occupaient les Ternes, le faubourg Saint-Honoré, la caserne, de la Pépinière ainsi que toutes les rues avoisinantes, et étaient campées, au nord-ouest, à un peu plus d’une portée de fusil de la mairie du 17e arrondissement, dans la nouvelle construction du collège Rollin.

Je montai vers dix heures du soir à Montmartre avec le citoyen Vermorel. Il s’agissait d’une expédition que devait tenter La Cécilia, aidé de Cluseret qui avait accepté un sous-commandement, contre le collège Rollin, dont il fallait déloger l’ennemi.

Arrivés à l’état-major de La Cécilia, établi en face la mairie du 18e, nous y rencontrâmes quelques amis, entr’autres E. R*** dont le père venait d’être mortellement frappé par les balles versaillaises, et A. Humbert, qui avait dû abandonner ses amis moins courageux pour se consacrer tout entier à la bataille.

Les munitions dont on avait besoin pour l’expédition n’ayant pu arriver à destination, par suite du défaut d’ordre qui caractérisait la situation, il nous fallut renoncer à cette expédition, pour laquelle de suffisantes forces avaient été cependant préparées. On dut se contenter de faire une simple reconnaissance jusqu’à la Municipalité du 17e, où nous rencontrâmes les citoyens MaIon et Jaclard, alors chef de légion. On leur promit de leur envoyer aussitôt que possible l’artillerie dont ils

  1. Nous reviendrons sur ce fait à propos du système incendiaire qu’on prétend imputer aux partisans de la Commune.