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procéder aux élections d’une Constituante et de la Commune de Paris ;

5o Il ne sera exercé de représailles ni contre les membres de assemblée, ni contre les membres de la commune, pour tous les faits postérieurs au 18 mars.

Voilà les seules conditions acceptables.

4 prairial an 79 (24 mai 1871).
 

Malgré la date de cette pièce, il est évident qu’elle porte la trace de préoccupations remontant au 22, et que, fidèle au système révélé par la lettre de Rossel, « le Comité délibérait lorsqu’il fallait agir. »

Par une étrange aberration, le Comité proposait un acte in extremis de conciliation au moment même où la force seule pouvait trancher la question, oubliant qu’alors que la chose eût été possible peut-être, il accusait la minorité de la Commune, devant l’opinion publique, de vouloir « pactiser avec Versailles. »

Cette démarche était d’autant plus insensée qu’en retirant toute force morale à la Commune, elle accroissait la puissance de l’ennemi, définitivement éclairé sur la situation, et accroissait d’autant son intention de vaincre à tout prix.

Enfin il était vraiment puéril de parler en maître, de transaction entre Versailles et la Commune, alors que le Comité n’avait pu opposer encore aucune résistance de nature à faire au moins hésiter l’armée versaillaise jusque-là triomphante.

À tous égards, la proclamation du Comité central fut donc un acte criminel et contre la Commune qu’elle affaiblit en portant l’irrésolution dans ses rangs, et contre la Révolution du 18 mars qui en reçut ainsi le dernier coup.

De ce moment, en effet, la Commune perdit toute influence directrice et chacun de ses membres ne conserva plus, dans l’action générale, que celle qu’il avait pu acquérir à l’aide de sympathies particulières et dont il dut disposer suivant son tempérament.