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des moyens imaginés par un homme capable de tout, pour arriver à ses fins, et satisfaire son insatiable soif de pouvoir.

M. Ducatel, disons-nous, fut donc le sauveur de M. Thiers et lui évita la chute certaine qui le menaçait.

Conservé dans son emploi par la commisération des administrations du XVIe arrondissement, la sous-commission des barricades de Passy avait chargé Ducatel de surveiller la construction des barricades qui, de la porte Dauphine à celle du Point-du-Jour, devaient former la seconde ligne de défense de ce côté de Paris. Ce travail très coûteux ne rendit en réalité aucun service, étant loin d’être terminé au 21 mai, à cause de la lenteur qu’on y apporta.

Nous avions souvent rencontré cet employé et il nous avait fait l’effet de ces bons serviteurs, prêts à saluer jusqu’à terre ceux qu’ils reconnaissent pour leurs supérieurs, de quelque cocarde que ceux-ci soient décorés.

Préoccupé de la tournure que prenaient les affaires de la Commune, et soucieux sans doute de se faire pardonner d’être resté au service de celle-ci, il en devait rechercher l’occasion, lorsque la découverte qu’il fit de la situation de la défense vers Auteuil vint la lui fournir.

C’est alors qu’il avertit les avant-postes, placés à quelques mètres au-delà des fortifications, de la possibilité qu’il y avait d’entrer sans coup férir, ce qui fut exécuté quelque temps après, mais non pourtant sans hésitation, par les troupes que commandait le général Douay.

Ducatel, qui n’avait dans cette affaire songé qu’à sauvegarder ses petits intérêts, dut être bien étonné de passer tout-à-coup à l’état de héros qui « s’était dévoué pour son pays ». La croix de chevalier de la légion d’honneur et 80,000 fr., montant d’une souscription organisée par la reconnaissance du Figaro, enfin la haute considération de tous les tripoteurs