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et le péril qui menaçait Paris était peut-être absolument détourné.

Il est certain en effet que les généraux versaillais ne pensaient pouvoir tenter l’assaut que trois jours plus tard. Or le mouvement de province commençait à s’accentuer fortement. Sur le refus opposé par M. Picard, alors ministre de l’intérieur, de laisser les Conseils généraux composer une assemblée générale de leurs délégués à Bordeaux, dix-sept avaient persisté cependant dans leurs projets et leurs délégués s’étaient réunis à Lyon. Il pouvait ressortir de ce mouvement d’opinion en province, des résolutions de nature à exercer une pression des plus favorables à Paris sur l’assemblée nationale, déjà complètement déconsidérée aux yeux de la France entière. Les trois jours qui se fussent écoulés encore entre le 21 et l’assaut prémédité pouvaient être le salut.

Que la tentative d’assaut n’eût point réussi, ce qui était possible, et M. Thiers, déjà en retard de 48 heures sur les huit jours que lui avait accordés l’assemblée, pouvait être renversé par celle-ci qui, dans son impatience, se fût livrée certainement à quelque coup de tête de nature à dessiller les yeux même des moins clairvoyants.

Un employé des ponts et chaussées joua, sans s’en douter, le rôle de Providence en faveur de M. Thiers, dont la situation était très compromise, non seulement à cause du retard apporté à la prise de Paris, mais aussi devant l’opinion publique générale qui, à tort ou à raison, lui imputait la terrible explosion de la cartoucherie Rapp.

Certes, nous n’oserions prétendre que M. Thiers fût réellement l’auteur abominable de cet horrible accident, la marche précipitée des événements n’ayant point permis d’en éclaircir le mystère. Mais les horreurs dont Paris fut le théâtre depuis et par son ordre, permettent de supposer que la tragédie du 18 mai pouvait être un