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cées derrière les gabions nous rappelèrent à la prudence et à plus de circonspection, en nous envoyant quelques coups de feu devant lesquels nous dûmes cesser cette dangereuse inspection.

Revenu en toute hâte à la Muette, nous avertîmes Dombrowski de ce que nous venions de constater et de l’urgence qu’il y avait d’envoyer des forces suffisantes de ce côté, après qu’il aurait vérifié par lui-même l’état des choses, ce qu’il nous promit de faire immédiatement.

Puis, comme nous redescendions dans Paris avec le citoyen Viard, que nous avions rencontré à la Muette, en compagnie de nos deux autres collègues, les citoyens Dereure et Avrial, nous remîmes à Viard un mot au crayon pour Delescluze, dans lequel nous avertissions ce dernier de la gravité de la situation de ce côté, de l’urgence d’y envoyer le plus de monde possible et surtout une artillerie capable de s’opposer à l’entrée de l’ennemi par ce point.

Par un hasard inexplicable, le billet que nous avions remis à Viard avec prière instante de le remettre immédiatement à son destinataire, puisqu’il s’en retournait ab ministère de l’agriculture et de commerce, voisin de celui de la guerre, ce billet ne parvint point à Delescluze qui, le 22 dans la journée, nous affirma, sur l’honneur, ne l’avoir pas reçu. Aucune des précautions que commandait l’état des choses ne put ainsi être prise à temps.

Vers trois heures de l’après-midi, les Versaillais entraient par la porte d’Auteuil et réalisaient ainsi les craintes que, juste un mois avant, dès le 21 avril, le citoyen Gambon et nous, avions manifestées, touchant la possibilité d’un tel désastre.

Que notre avis si précis fût parvenu à Delescluze, celui-ci eût alors fait certainement le nécessaire pour soutenir le premier choc ; un fait dont nous allons parler — l’affaire Ducatel — n’aurait pu se produire.