Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le lundi 15 mai, une déclaration qui aurait sans doute fait disparaître les malentendus politiques existant dans l’Assemblée.

L’absence de presque tous les membres de la majorité n’a pas permis l’ouverture de la séance.

Il est donc de notre devoir d’éclairer l’opinion publique sur notre attitude et de lui faire connaître les points qui nous séparent de nos collègues.

DÉCLARATION.

Par un vote spécial et précis, la Commune de Paris a abdiqué son pouvoir entre les mains d’une dictature à laquelle elle a donné le nom de Salut public.

La majorité de la Commune s’est déclarée irresponsable par son vote et a abandonné à ce comité toutes les responsabilités de notre situation.

La minorité, à laquelle nous appartenons, affirme au contraire cette idée, que la Commune doit au mouvement révolutionnaire, politique et social, d’accepter toutes les responsabilités et de n’en décliner aucune, quelque dignes que soient les mains à qui on voudrait les abandonner.

Quant à nous, nous voulons, comme la majorité, l’accomplissement des rénovations politiques et sociales ; mais contrairement à sa pensée, nous revendiquons, au nom des suffrages que nous représentons, le droit de répondre seuls de nos actes devant nos électeurs, sans nous abriter derrière une suprême dictature que notre mandat ne nous permet d’accepter ni de reconnaître.

Nous ne nous présenterons donc plus à l’assemblée que le jour où elle se constituerait en cour de justice pour juger un de ses membres.

Dévoués à notre grande cause communale, pour laquelle tant de citoyens meurent tous les jours, nous nous retirons dans nos arrondissements, trop négligés peut-être. Convaincus d’ailleurs que la question de la guerre prime en ce moment toutes les autres, le temps que nos fonctions municipales nous laisseront, nous irons le passer au milieu de nos frères de la garde nationale et nous prendrons notre part de cette lutte décisive soutenue au nom des droits du peuple.

Là encore nous servirons utilement nos convictions et nous éviterons de créer dans la Commune des déchirements que nous réprouvons tous, persuadés que, majorité ou minorité, malgré nos divergences politiques, nous poursuivons tous un même but :