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libre aux socialistes[1], la plupart des mesures les plus importantes prises par la Commune étaient arrêtées par la majorité en dehors des séances, dans ses réunions particulières.

Sans doute les usages parlementaires des précédents régimes semblaient autoriser de tels procédés. Mais, outre que la Commune n’était point un parlement, mais un pouvoir exécutif, il y avait à considérer que la minorité, par le fait même de ce dernier caractère, devenait solidaire des résolutions prises par ce pouvoir, si bien fondées qu’eussent été les raisons opposées par la minorité, pour en combattre soit la moralité, soit l’opportunité.

La conduite de la majorité, à l’égard de ses adversaires dans la Commune, était donc et sans qu’elle s’en doutât, nous le voulons croire, d’une parfaite immoralité.

La minorité dut alors aviser aux moyens de faire rentrer la majorité dans une voie plus loyale et plus conforme aux principes dont la Commune avait pour mission d’assurer le triomphe. Elle adopta la ligne de conduite suivante.

Elle résolut, en se rendant à la séance qui devait avoir lieu le 15 mai[2], d’appeler l’attention des membres de la Commune sur la situation dangereuse que créaient, pour leur autorité morale à tous, les procédés habituels de la majorité. Elle devait ensuite inviter celle-ci à échanger de loyales explications sur les principes au sujet desquels les deux fractions s’étaient divisées, et à revenir sur certaines mesures dont l’arbitraire pouvait être fatal à l’existence de la Commune. Enfin la minorité, conjurant ses adversaires

  1. Le vote du décret relatif au Mont-de-Piété eut lieu en présence de 28 membres seulement, dont 5 ou 6 appartenant à la majorité. — Ce fait dut, à notre demande, être constaté sur le procès-verbal de la séance.
  2. Depuis la réélection du second Comité de salut public, le 10 mai, la Commune avait décidé de ne se réunir à l’avenir en séances générales que trois fois par semaine.