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promit gratuitement, en édictant un décret dont l’immédiate impraticabilité était certes le moindre défaut.

Qu’à l’origine du mouvement du 18 mars, la police étant restituée aux quartiers, les citoyens eussent été invités à se grouper, afin de se pouvoir délivrer entre eux les cartes civiques qui eussent servi à faire reconnaître au besoin leur identité, et à pouvoir ainsi éliminer du sein de leurs réunions quartenaires les éléments suspects, ou sans droit délibératif, concernant leurs intérêts locaux, la mesure à notre avis eût été excellente.

Mais qu’une administration centrale d’une ville de plus de deux millions d’habitants prétendit mettre fin en quelques jours aux dangers imminents qui menaçaient la cité, en délivrant elle-même et sur l’attestation de deux témoins, dont le témoignage eût dû être à son tour contrôlé, des certificats de civisme à des citoyens qu’elle ne pouvait connaître, c’était là une puérilité inqualifiable, qui livrait la liberté et la dignité des citoyens à la discrétion du premier venu, outre le danger qu’elle créait de conflits continuels et dangereux pour la sécurité publique.

Fort heureusement le décret ne put être sérieusement mis à exécution.

On ne saurait trop le répéter, pour l’édification des révolutions ultérieures, ni la police centralisée, ni les Comités de salut public ne surent, pas plus que leurs devanciers gouvernementaux et autoritaires, apporter de véritable habileté dans leur mission. Niaiserie, brutalité et immoralité dans les moyens, dont l’emploi a toujours pour seul effet de troubler la sécurité des citoyens qu’on prétend sauvegarder, tel fut toujours le bilan de| faits et gestes de toutes les polices politiques, y compris celle que la Commune eut la sottise de réinstituer.

Dès les premiers jours de mai, la Commune avait adopté, après plusieurs jours de discussion, un décret