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Cette résolution les amena à une démarche qui fut le dernier acte vraiment important de la vie de la Commune et que nous mentionnerons plus loin.

La garde du citoyen Rossel, décrété d’arrestation le 9 mai, avait été confiée à la Commission militaire qui avait à son tour délégué cette mission au citoyen Avrial.

Désireux de se dégager de sa délicate situation, le citoyen Avrial, qui avait loyalement pris la défense de Rossel dans la Commune[1], invita celle-ci à le faire comparaître sans délai devant elle, afin d’être déchargé de la responsabilité qui lui incombait comme gardien du prisonnier.

Au moment où la Commune, dans sa séance du 10, et obtempérant à la réclamation du citoyen Avrial, donnait l’ordre d’appeler le citoyen Rossel à sa barre, on apprit que celui-ci venait de disparaître, accompagné dans cette fuite par le citoyen Charles Gérardin — du 17e arrondissement, — l’ex-membre du premier Comité de salut public et qui s’était offert à l’instant d’aller chercher le citoyen Rossel — son ami — dont pendant quelque temps il avait espéré faire son complice dans la réalisation de certains projets de dictature que Gérardin rêvait à son profit, paraît-il.

Les recherches faites immédiatement pour ressaisir les fugitifs demeurèrent vaines, et on crut qu’ils s’étaient rendus à Versailles. Cette supposition, toute gratuite d’ailleurs, fut démentie par les faits, au moins en ce qui concerne le citoyen Rossel, malheureusement arrêté par les Versaillais, quelques jours après leur entrée dans Paris.

Cette fuite au moins étrange de la part d’hommes qui avaient demandé à être enfermés à Mazas[2], avait un caractère vraiment inquiétant, au milieu des circon-

  1. Les citoyens Malon, Gérardin et Avrial avaient seuls voté contre le décret d’arrestation voté par la Commune.
  2. Quelques instants avant qu’on eût appris leur disparition, la Commune avait reçu une lettre dans laquelle le citoyen Ch. Gérardin demandait, lui aussi, d’être envoyé à Mazas avec son ami. — Était-ce pour se punir des intentions plus naïves que réellement dangereuses qu’il avait couvées contre l’existence de la Commune ?