Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 291 —

Le fort fut évacué de nouveau le 9 mai, définitivement cette fois, mais sans que l’ordre en eût él^ pourtant donné par le délégué à la guerre.

Tant est-il que la nouvelle de ce fait douloureux fut communiquée aux Parisiens par une affiche signée Rossel et qui, il faut en convenir, n’eût pas été d’un autre ton s’il se fût agi de leur fait connaître quelque fait d’armes avantageux à la Commune :


Midi et demi.

Le drapeau tricolore flotte sur le fort d’Issy, abandonné hier soir par la garnison.

Le délégué à la guerre,
Rossel.

Cette rédaction laconique, employée pour annoncer un fait de cette gravité, eut tellement l’air d’une mystification, que la Commune, insuffisamment informée de la réalité de ce désastre, s’empressa de faire démentir cette nouvelle qui n’était que trop vraie cependant.

Il était vraiment singulier que le délégué à la guerre se fût cru le droit de donner la publicité de l’affichage à un événement de cette mature, sans même que ni la Commune, ni surtout le Comité de salut public, en permanence à l’Hôtel-de-Ville, en eussent été prévenus.

Mais le mécontentement qu’inspirait un pareil procédé fut porté au comble lorsque, dans le cours de sa séance, la Commune apprit à n’en pouvoir douter, qu’avant de lui en avoir donné connaissance à elle-même, Rossel faisait publier, par les journaux du soir, une lettre qu’il lui adressait et dans laquelle, dévoilant la faiblesse d’organisation militaire des fédérés et les embarras que le Comité central accumulait à plaisir dans la direction de la guerre, il donnait sa démission de délégué et réclamait « l’honneur d’une cellule à Mazas. »

Sans doute cette lettre ne contenait malheureuse-