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avait dû faire opérer jusqu’alors », ce qu’il s’expliquait, nous disait-il, « par l’énergie de convictions qui animait la plupart de nos malheureux amis et qui leur faisait endurer sans trop de fièvre les souffrances les plus atroces. »

M. De Marquay nous dit également qu’afin de réfuter les odieux mensonges dont les fédérés étaient l’objet de la part de Versailles, quant à leur moralité, il dressait avec soin une sorte de dossier de tous les blessés qui entraient dans son ambulance et que, jusqu’ici, il avait pu constater que tous étaient d’estimables citoyens, égarés sans doute dans une mauvaise voie, mais dont l’honorabilité était hors de doute.

Entre ce témoignage non suspect et les injurieuses épithètes dont la presse policière a tenté de flétrir les bandits communeux, que le lecteur juge.

Malgré le courage infatigable des combattants, Versailles faisait de constants progrès en avant.

La paix avec la Prusse ayant été bâclée telle quelle, par MM. Thiers et J. Favre qui, craignant l’intervention de la province si la lutte se prolongeait, se résolurent à traiter aux conditions humiliantes et onéreuses qui leur furent imposées, nos troupes revenant d’Allemagne apportaient chaque jour du renfort à l’armée versaillaise.

Les forts du sud et du sud-ouest, très endommagés sous le premier siège, ne pouvaient plus servir à abriter leurs défenseurs. — Déjà, le 1er mai, lorsque nous étions allés avec le citoyen Vermorel au fort d’Issy, pour nous assurer de l’état des choses, nous avions pu constater que les casemates, constamment labourées par les obus de l’ennemi, étaient devenues inhabitables, et, par suite des approches des Versaillais qui, peu à peu, préparaient l’investissement du fort, sans que les tirailleurs fédérés pussent les en empêcher, déjà aussi les communications entre le village et la garnison étaient des plus dangereuses.