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commises par eux, depuis le 21 mai, donnent une suffisante idée de la valeur de leurs dénégations.

Aux massacres dont les misérables de Versailles se rendirent coupables, il faut encore ajouter leurs tentatives de corruption pratiquées sur une large échelle, afin d’obtenir qu’on leur livrât les portes de Paris.

Ces tentatives sont même avouées par l’officier supérieur, auteur de la Guerre des communeux de Paris, déjà plusieurs fois cité par nous, et qui insinue, à propos du premier abandon du fort d’Issy, le 30 avril, que sans l’arrivée de Rossel à la guerre, ce fort devait être livré au sieur Valentin, préfet de police, par certains citoyens que cet officier désigne nominalement, sans autre preuve d’ailleurs que son affirmation au moins suspecte, ce qui n’en démontre pas moins la réalité des essais de corruption tentés par Versailles[1].

Enfin et perdant toute pudeur, M. Thiers publia un manifeste aux Parisiens, invitant ouvertement ceux-ci à lui livrer les membres de la Commune et à ouvrir la ville à ses troupes, ajoutant, avec un incroyable cynisme, que, sans cela, « il sera obligé d’attaquer enfin l’enceinte de Paris, dont les ouvrages extérieurs seuls ont été encore atteints, mais qu’il ne bombardera pas la cité, comme les gens de la Commune tenteraient de le faire croire ! »

Et cette proclamation était datée du 6 mai ! Et depuis le 2 avril, les feux croisés du Mont-Valérien et du rond-point de Courbevoie lançaient leurs obus jusqu’à l’allée des Veuves dans les Champs-Élysées, frappant au hasard les malheureux obligés, pour rentrer chez eux, de s’aventurer au delà ! Et pas une boutique de l’avenue des Ternes, non plus que des rues avoisinantes, n’avait été épargnée ! L’avenue de ta Grande-Armée, surtout aux angles près la porte Maillot, était littéralement pulvérisée ; la voûte du chemin de fer de ceinture défoncée ; Neuilly complètement détruit ; le Point-du-

  1. Guerre des Communeux de Paris en 1871, page 162.