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après la capitulation de Paris, par le gouvernement de M. Thiers. Froissé de cette injustice, il accepta le grade de, chef de légion pour le 17e arrondissement, dans lequel il demeurait, lorsqu’éclata le 18 mars.

Froid, résolu et possédant, parait-il, une véritable science militaire, son concours pouvait être très utile au mouvement, et Cluseret s’empressa de se l’attacher en qualité de colonel d’état-major.

La raideur toute militaire qu’il apporta dans ses fonctions, comme président de la Cour martiale instituée vers le 15 avril, n’était pas de nature à lui conquérir une grande affection auprès des fédérés qui, tout en reconnaissant la nécessité d’établir une discipline sérieuse dans leurs bataillons, entendaient cependant être traités en citoyens plutôt encore qu’en soldats, ce que ne purent jamais comprendre ni Cluseret ni Rossel.

D’un autre côté, comme il avait trop d’intelligence et de pénétration pour ne pas comprendre que le Comité central, auquel le Comité de salut public venait, par une erreur inconcevable, de donner droit d’ingérence officielle dans la — direction de la guerre, voudrait faire du délégué un simple commis, Rossel ne tarda pas à témoigner du peu d’estime dans lequel il tenait le Comité central qui le lui rendit aussitôt, en lui créant d’inextricables difficultés.

Cette nomination devint donc pour la Commune qui l’avait faite une cause d’antagonisme qui ne devait pas tarder à lui être fatale.

La mort de ce citoyen, qui vient d’être assassiné avec Ferré, bourgeois et Crémieux (Gaston) par ses soi-disant juges, nous impose le devoir de ne parler de fui qu’avec la plus grande réserve. Nous ne reproduirons donc point ici l’impression qu’il nous causa, lors de l’entrevue qu’il eut avec la Commune, le jour de sa nomination en remplacement de Cluseret. Quelque respect que nous inspire le caractère de Rossel et sa mort si digne, nous ne pouvons nous empêcher pourtant de déclarer que les préoccupations exclusivement militaires de son esprit, ses