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rations militaires[1], nous avons été de ceux qui regardèrent toujours comme entièrement absurde l’accusation de trahison dont il était l’objet et que ne purent justifier aucun de ses accusateurs lors de son jugement devant la Commune, le 21 mai.

Quant à l’accusation de négligence, assez fondée, il est vrai, en ce qui concerne son action générale durant tout le temps qu’il fut à la guerre, elle portait également à faux dans les circonstances au sujet desquelles elle était relevée contre lui.

L’abandon du fort d’Issy provenait bien réellement d’une faute dont la responsabilité remontait entière à la Commission exécutive elle-même.

L’avant-veille, 28 avril, la Commune, par un vote formel, avait consenti à ce qu’une démarche conciliatrice suprême fût faite auprès de Versailles par les francs-maçons.

La manifestation projetée, qui eut lieu le 29, devait avoir pour effet immédiat une sorte de trêve dont le délégué à la guerre eût dû être averti par la Commission exécutive, afin qu’il pût prendre les dispositions militaires que cette trêve exigeait. Or, il fut prouvé que la Commission n’adressa à Cluseret ni avis ni ordre d’aucune sorte, de telle façon que le commandant en chef de l’ouest, le citoyen Dombrowski, dut prendre sur lui de faire le nécessaire en ce qui concernait sa ligne d’opérations.

Les forts du sud-ouest et du sud, apprenant par hasard, le soir du 29, la trêve résultant de la manifestation maçonnique, et qui ne s’étendait que sur les points ou les maçons avaient planté leurs étendards, crurent devoir prendre, eux aussi, une attitude passive et ex-

  1. L’inertie dont avait fait preuve le citoyen Cluseret à Lyon et à Marseille, au milieu des événements dont ces deux villes furent le théâtre, durant le premier siège de Paris par les Prussiens, nous avait donné une médiocre idée de l’initiative révolutionnaire et de la science militaire dont Cluseret avait acquis la réputation sous l’empire, sans que jamais aucun acte de la part de ce citoyen ait pu justifier l’opinion exagérée qu’on avait de lui sous ce rapport.