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tionnaire, mais de ce que ces hommes extraordinaires puisèrent dans les difficultés du moment une énergie et une puissance d’action jusqu’alors sans exemple dans l’histoire, s’en suit-il que les moyens exceptionnels dont ils furent contraints de se servir contre leurs adversaires, constituent une doctrine hors de laquelle il ne puisse y avoir de salut pour la Révolution ?

Que les membres de la Commune de 1871 eussent apporté dans l’accomplissement de leur mandat la fermeté, l’austérité, l’intelligence et surtout l’ardeur infatigable au travail qu’avaient mises au service de leurs convictions les grands ouvriers de l’œuvre révolutionnaire dont tous nous admirons l’énergique audace, rien de mieux, nous l’eussions accepté de reste.

Mais il ne fallait pas oublier en même temps que, si grands et si dignes d’estime qu’aient été les hommes qu’on prétendait imiter, tous, Girondins, Hébertistes et Jacobins, étaient successivement tombés victimes du principe que la Révolution avait pour mission toute spéciale de nier, sous peine de périr avec ceux qui la représentaient alors : la raison d’État.

Or, tous étaient imprégnés de cette notion essentiellement monarchique et sur laquelle s’appuient les prétendus droits de l’autorité, que le droit, la morale, la justice enfin doivent s’incliner devant cet être de raison, enfanté par l’idée religieuse, et dont le catholicisme fut l’expression la plus complète : l’État.

Pour le Jacobin, l’Hébertiste et le Girondin même, la manifestation de la pensée, la liberté et jusqu’à la vie du citoyen doivent être froidement sacrifiées, dès que cette violation de la justice peut se retrancher derrière l’intérêt de l’État. Doctrine fatale, devant aboutir, les événements ne le démontrèrent que trop, à toutes les oppressions dont les partis politiques, sans exception, se rendirent coupables envers les citoyens, dont ils violèrent constamment les droits, méconnaissant tour à tour qu’ils n’étaient arrivés au