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préparer les projets de décrets dont elle proposera l’adoption à la Commune, de façon qu’ils soient toujours la réelle expression des intérêts professionnels, préalablement débattus par ceux dont ces décrets seront l’objet.

D’après cet exposé, il est certain que si la Commune, victorieuse de ses adversaires, eût pu entrer dans la voie organique, la commission du Travail et de l’Échange fût devenue de première importance. Elle eût, auprès de la Commune, rempli un rôle analogue à celui que remplissait le Conseil d’État auprès du Corps législatif.

Elle eût proposé les projets de décrets communaux et eût été ainsi appelée à formuler les voies et moyens de la révolution sociale, après les avoir d’abord étudiés avec les intéressés eux-mêmes.

Le plus important des décrets communaux rendus sous son inspiration, fut celui relatif « à la reprise, au profit des travailleurs, de tous les ateliers désertés par les patrons qui s’étaient, eux aussi, mis en grève contre la Commune.

Ce décret est ainsi conçu :

La Commune de Paris,

Considérant qu’une quantité d’ateliers ont été abandonnés par ceux qui les dirigeaient, afin d’échapper aux obligations civiques et sans tenir compte des intérêts des travailleurs ;

Considérant que par ce lâche abandon, de nombreux travaux essentiels à la vie communale se trouvent interrompus, l’existence des travailleurs compromise,

Décrète :

Les Chambres syndicales ouvrières sont convoquées à l’effet d’instituer une Commission d’enquête ayant pour but :

1o De dresser une statistique des ateliers abandonnés, ainsi qu’un inventaire exact de l’état dans lequel ils se trouvent et des instruments de travail qu’ils renferment ;

2o De présenter un rapport établissant les conditions pratiques de la prompte mise en exploitation de ces ateliers, non plus par les déserteurs qui les ont abandonnés, mais par l’association coopérative des travailleurs qui y étaient employés ;