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santir sur les détails. Ils furent d’ailleurs surtout dupes de cette erreur funeste à tous, de croire qu’il fallait faire peur aux adversaires de la Commune. Absolument inhabiles — et à leur honneur, — à manier cette arme dangereuse et immorale qui s’appelle la Police politique, ils ne firent que jeter l’odieux sur les principes qu’ils voulaient sauvegarder, sans avoir jamais pu sérieusement s’opposer aux menées souterraines et plus intelligentes de nos adversaires.

Ainsi, le décret concernant les otages, à l’exception de quelques personnages de marque, tels que MM. Bonjean, Darboy, Deguerry, qui furent incarcérés dès le début, ne reçut la plupart du temps d’application qu’aux dépens de pauvres diables, — ex-agents de police de plus ou moins bas étage, — et dont l’arrestation ne compensait certes pas le mal qu’elle donnait, ni les récriminations auxquelles elle servait de prétexte[1].

La Commune ne fut pas plus heureuse dans les inspirations qui la poussèrent, de suppressions en suppressions, à remettre logiquement en vigueur l’arrêté Vinoy du 12 mars, interdisant la création de tout nouveau journal à Paris. — Cette attitude

  1. Nous n’avons point mentionné — à dessein — le nom de Chaudey parmi ceux des otages. Ce citoyen fut arrête sur la dénonciation du Père Duchêne, qui rappela la participation de Chaudey au guet-apens du 22 janvier. Cette participation est absolument démontrée du reste par la dépêche ci-après, adressée de l’Hôtel-de-Ville, 22 janvier, 2 h. 50 m. du soir, à M. Jules Ferry, et signée Cambon ; la dépêche contient cette phrase significative : « Chaudey consent à rester là ; — il s’était chargé de haranguer la foule — mais prenez des mesures le plus tôt possible pour balayer la place.

    » Je vous transmets du reste l’avis de Chaudey. »

    Chaudey n’était donc point un otage, mais un accusé ayant à répondre de sa conduite au 22 janvier et à s’en justifier. — Voilà quant à la vérité de sa situation.

    Pour nous, nous pensons que cette arrestation, faite au moment même où Chaudey se ralliait à la révolution communaliste, dans le journal le Siècle, fut au moins un acte d’insigne maladresse. — Quant à sa mort, toute cruelle qu’elle fut, la responsabilité en remonte, comme pour la mort des otages, à ceux qui, dés le début de la lutte, ainsi que le témoigne la proclamation Galiffet du 2 avril, ont érigé en système l’assassinat des prisonniers.