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jours de mai, par le citoyen Jourde, et qui relevait le compte général des recettes et dépenses de la Commune depuis le 18 mars, prouva, par la netteté et la clarté de sa disposition, que ce service était du moins entre les mains d’un comptable intelligent et honnête, ce qui avait jusqu’alors été assez rare dans l’administration publique pour que cette constatation ne fût point à dédaigner.

Il n’en fut pas de même malheureusement du service le plus important en somme de la Commune, au milieu de la situation périlleuse dans laquelle elle se trouvait. Nous voulons parler de la délégation à la guerre.

Nous n’entendons point parler ici de l’honnêteté de ceux qui furent successivement chargés de la direction de ce service, honnêteté qui ne saurait être mise en suspicion, mais seulement du manque d’ordre et de précision qui caractérisa constamment la défense.

Sans doute le délégué Cluseret avait rédigé plusieurs circulaires empreintes d’un excellent esprit, et dans lesquelles il rappelait les officiers de tous grades à moins de passion pour les galons et les oripeaux, et à plus de modestie démocratique et de respect pour la discipline ; mais faute d’énergie et d’activité dans l’application des réformes à obtenir, ces circulaires demeurèrent lettre morte.

Ni l’organisation des compagnies de génie chargées d’exécuter les travaux d’art indispensables, ni celle des batteries d’artillerie de rempart, rien ne marchait avec la régularité et la rapidité qu’il eût fallu y apporter. Le roulement des bataillons de marche était absolument défectueux. Certains bataillons ne rentrèrent chez eux qu’après 25, même 40 jours de présence au feu, épuisés et décimés, alors qu’au contraire il en était d’autres qui n’y allèrent que 3 ou 4 jours et un grand nombre pas du tout. Défaut d’ordre à la fois injuste et impolitique, les bataillons ainsi surmenés, rentrant alors exaspérés de l’abandon dans