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vernement du 4 septembre lui faisait distribuer et qui n’étaient certes point en rapport avec l’accroissement exorbitant et continu du prix des denrées alimentaires indispensables. Le caractère incertain et inquiétant de la politique intérieure du gouvernement de M. Thiers et de l’assemblée de Bordeaux, depuis les préliminaires de paix, n’avait encore pu rassurer les capitaux et faciliter par conséquent la reprise du travail.

À toutes ces causes de souffrances et de misères, le coup d’État tenté le 18 mars était venu apporter une aggravation nouvelle, en les prolongeant d’une façon indéfinie. Plus encore, le gouvernement, en fuyant de Paris, avait emporté jusqu’aux dernières ressources pécuniaires restées disponibles, de telle sorte que plus de déni cent mille familles, privées de travail et sans un sou, allaient être exposées à mourir littéralement de faim. Et ceux auxquels venait d’échoir — sans qu’ils l’eussent recherché — une semblable situation, avec mission d’y pourvoir, eussent regardé, pour parer à d’aussi atroces misères, à prendre des ressources là où il y en avait ! Ils eussent dû laisser périr de faim des centaines de mille d’enfants, de femmes et d’hommes, alors que prés d’un milliard d’espèces seraient restées entassées dans les caves de la Banque, à l’ironique joie de leurs propriétaires, auteurs volontaires de tant de maux !

Là où un Bonaparte et ses bandits galonnés du 2 décembre n’avaient pas reculé à prendre cent millions pour corrompre la magistrature, le clergé et tous les hauts fonctionnaires de l’État, afin de pouvoir à son aise égorger les républicains et souiller de honte et de sang la France entière, les hommes du 18 mars et de la Commune eussent regardé à prendre quelques millions pour donner l’indispensable morceau de pain aux défenseurs des droits des travailleurs et de la République, contre la coalition des chenapans titrés qui grugent officiellement la nation depuis si longtemps !

C’eût été à la fois crime et folie, et le peuple de Paris eût été dans son droit en faisant justice immédiate de ceux qui s’en fussent rendus coupables.