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Les violents de la Commune, qui présentaient les abstentions — non sans raison — comme une déclaration de guerre au mouvement communaliste, n’eussent pu se servir de ce prétexte pour justifier les mesures d’une énergie parfois plus nuisible que réellement efficace et qu’ils prenaient, disaient-ils, pour sauver la Commune des menées de ses ennemis. Ils eussent été contraints à des procédés plus réguliers, et, partant, plus sérieusement révolutionnaires.

Mais ces adhésions étaient malheureusement trop tardives. Le coup était porté et le faible chiffre du scrutin du 16 avril avait trop révélé à Versailles la faiblesse des points d’appui de la Commune pour que M. Thiers abandonnât la proie que les partis monarchiques l’avaient chargé de saisir.

Quant au mouvement de province, à part les tentatives avortées de Lyon, de Marseille, de Limoges, de Saint-Etienne, de Grenoble, de Cosne et de Vierzon, ce mouvement se borna à quelques allées et ventres, entre Paris et Versailles, de certains délégués lyonnais appartenant à la bourgeoisie, qui n’osèrent même pas se rallier à l’Union républicaine des droits de Paris, et auxquels on ne put faire comprendre que les franchises municipales dont ils prétendaient jouir à ce moment ne survivraient pas à la chute de la Commune de Paris. — Ils doivent être à cette heure suffisamment édifiés sur ce qui leur a été prédit à l’Hôtel-de-Ville. — Il y eut bien aussi une tentative de la part des délégués de toutes les grandes municipalités des chefs-lieux départementaux, pour se réunir en un congrès à Bordeaux, mais M. Picard, alors ministre de l’intérieur, y ayant opposé son veto, les délégués n’osèrent passer outre, à l’exception pourtant de ceux de 17 départements qui se réunirent à Lyon — Le congrès ainsi réduit se contenta d’une déclaration de principe peu compromettante, et la chute de la Commune arriva avant qu’ils eussent seulement commencé d’intervenir auprès de Versailles.