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le citoyen Rogeard, l’auteur à jamais célèbre des Propos de Labiénus, refusèrent tous deux, dans des lettres rendues publiques, le mandat qui leur venait d’être délégué dans des conditions numériques non conformes aux prescriptions du décret de convocation.

Il se passa au sujet de ces élections une scène assez singulière et sur laquelle nous croyons devoir nous arrêter à cause de l’importance de celui qui y joua le principal rôle.

Le citoyen Félix Pyat s’absentait assez volontiers au moment du vote, surtout lorsqu’il fallait se prononcer sur quelque proposition émanant de sa propre initiative. — Cette manœuvre, d’une moralité douteuse, lui permettait ensuite dans son journal, le Vengeur, de critiquer, comme journaliste, le décret voté la veille sur sa proposition, comme membre de la Commune[1].

Il se trouva que le jour où celle-ci valida, les élections du 16 avril, le citoyen Félix Pyat était encore absent.

Dès le lendemain il déclara dans l’Officiel, que s’il eût assisté à la séance, il aurait voté avec les treize, ajoutant que « si la Commune ne rapportait pas son décret, il donnerait sa démission. »

Cette forme comminatoire, destinée à produire un effet tout contraire à l’objet de la protestation, était précisément employée par le citoyen Pyat pour lui fournir l’occasion, qu’il recherchait depuis le commencement des hostilités[2], de se retirer « modestement avant la victoire (sic ! ). »[3]

  1. C’est ainsi par exemple que, membre de la Commune, il combattait avec la plus grande énergie toute pensée de traiter avec Versailles, et qu’il accusait sans cesse la minorité de n’avoir pas d’autre but, tandis que comme journaliste, il prêchait chaque jour la nécessité d’une entente conciliatrice.
  2. Déjà, le 3 avril, il avait à la Commission exécutive dont il faisait partie, prétendu qu’il était indispensable qu’il partit pour Marseille où on le réclamait, disait-il, à grands cris pour diriger le mouvement… qu’il savait fort bien d’ailleurs avoir été déjà étouffé.
  3. Voir aux pièces justificatives, XX.