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au 18 mars, le la part du pouvoir, se fût arrogé dans son triomphe, la mission d’instituer révolutionnairement un gouvernement, chargé de préparer l’avénement du régime communaliste, il en eût eu certes aussi bien le droit que ses devanciers du 10 août, du 29 juillet, du 24 février et du 4 septembre, devant lesquels Paris et la France s’étaient inclinés sans conteste.

Mais dès que, par respect pour les préjugés favorables au suffrage universel, il avait eu recours à ce moyen pour en faire surgir la Commune, celle-ci, s’appuyant de son origine, dite légale, avait pour devoir strict de se conformer au mode de votation qui lui avait donné naissance.

Le Comité central avait déclaré qu’aucune élection ne serait valable qu’à la condition que les votes exprimés atteignissent au moins un chiffre égal au huitième des électeurs inscrits.

Or, dès les élections du 26 mars, la Commune, en vérifiant ses pouvoirs, avait validé deux élus qui ne satisfaisaient pas à ces conditions : celles des citoyens Rigault et Vaillant, dans le 8e arrondissement. Et voilà qu’aux élections du 16 avril, continuant ce système, sans que le second décret de convocation eût été modifié à cet égard, et arguant de ce que les électeurs ayant été convoqués, l’abstention systématique des uns ne pouvait annuler les suffrages des autres (argument d’une valeur morale d’ailleurs très admissible, mais qu’il eût fallu émettre avant le vote), on validait en bloc toutes les élections qui avaient obtenu seulement la majorité relative des suffrages exprimés !

Treize membres votèrent contre la validation de ces élections. Ces opposants constituèrent le noyau de ce qui plus tard fut la minorité de la Commune[1].

Le citoyen Briosne, l’un des orateurs les plus remarquables qu’aient fait surgir les réunions populaires, et

  1. C’étaient les citoyens Arthur Arnould, Avrial, Beslay, Victor Clément, Clémence, Géresme, Langevin, Lefrançais, Miot, Roatoul, Vallès, Verdure, Vermorel. — Les noms en italique sont ceux qui votèrent cette fois seulement avec la minorité.