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des effets en souffrance fut porté à trois dans le décret[1].

Cette décision fut généralement approuvée par les commerçants et les industriels parisiens, même par ceux qui étaient les adversaires déclarés de la Commune. Elle mettait fin au provisoire dans lequel on vivait depuis si longtemps, et si discutables que fussent les dispositions du décret communal, il avait au moins l’avantage, tout en délimitant le terrain sur lequel les droits des intéressés se pourraient exercer, de laisser à ceux-ci la latitude d’en restreindre les limites suivant leurs convenances et les bénéfices réciproques qu’ils y pourraient trouver.

Le jour même où la Commune commençait la discussion de ce sujet intéressant, avaient lieu les funérailles civiles du citoyen Pierre Leroux, le dernier survivant de ceux qui, par leurs travaux philosophiques et humanitaires, auront mérité à notre siècle le titre de grand dans les âges futurs.

Il aura été grand en effet, ce dix-neuvième siècle qui, dans sa première moitié, a donné au monde les études sociales des Saint-Simon, des Fourier, des Pierre Leroux, des Auguste Comte, des Cabet et des Proudhon. — Il aura été grand, ce premier dix-neuvième siècle qui, grâce aux labeurs de ces hardis compagnons de la révolution sociale, aura vu se dessiner plus nettement le caractère hautement rénovateur et universel de l’œuvre indestructible dont 1789-93 a jeté les puissantes assises, et dont Babœuf, Buonarotti et leurs amis avaient, au prix de leur vie, tenté le complet achèvement.

C’était donc un devoir impérieux pour la Commune de rendre hommage au dernier de ceux qui nous ont aidés à comprendre la valeur de ce mot : Solidarité, et qui, des premiers, ont indiqué le chemin au bout duquel les travailleurs doivent trouver leur affranchisse-

  1. Voir aux pièces justificatives, XIX.