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toyens qui avaient répondu à l’appel du citoyen Pierre Denis. — Mais, revenus à des préoccupations plus personnelles, les inspirateurs de ce groupe se contentèrent d’affirmer de nouveau leurs désirs de conciliation vague et sans indiquer de moyens précis de réalisation, préférant sans doute, au lieu de consolider un état de choses qui menaçait de ruiner leur influence politique, attendre l’occasion de recueillir sans danger les épaves du pouvoir communal lorsque celui-ci aurait sombré. Calcul peu digne, il est vrai, mais dont la justesse fut en somme démontrée par les événements qui suivirent[1].

Ce manque de netteté et de véritable virilité dans toutes leurs manifestations, ne permit à aucun de ces conciliateurs d’acquérir la moindre influence, soit sur Versailles, soit sur la Commune, dont ils ne firent qu’éveiller les suspicions et même les légitimes impatiences, par suite du trouble et de l’indécision que leurs efforts stériles jetaient dans la population.

Aussi ne reviendrons-nous plus sur l’action de ces sociétés. Elle n’eut en somme d’autre effet que de démontrer le parti pris de Versailles de se refuser à toute concession et aboutit seulement à obtenir une trêve de huit heures, le 25 avril, au moyen de laquelle les malheureux habitants de Neuilly, d’Asnières et de Levallois purent enfin évacuer les maisons dans les caves desquelles ils s’étaient réfugiés depuis le 2, et dont ils ne pouvaient plus sortir sans s’exposer au double feu des assiégeants et des assiégés.

La mort commençait à faucher dru dans le camp des fédérés.

Il devenait urgent de s’occuper des veuves et des orphelins, ainsi que des vieux parents, dont les soutiens

  1. Il va sans dire que nous n’entendons parler ici que de l’action générale des divers groupes conciliateurs cités par nous. La brochure que vient de publier M. Lockroy (L’Assemblée et la Commune) et qui est une œuvre à la fois courageuse et loyale, nous est une suffisante preuve de la sincérité que certains membres de ces groupes apportèrent dans leurs agissements personnels.