Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 230 —

L’arrivée de Cluseret à la guerre ne put malheureusement relever la Commune des désastres militaires qu’elle venait de subir. Par ses préjugés professionnels, le citoyen Cluseret — toutes réserves faites quant à l’honorabilité de ses intentions — était destiné à devenir le Trochu de la Commune. Pas plus que Trochu il ne croyait au courage de la garde nationale ni surtout à la possibilité de tirer profit, pour les opérations militaires, des convictions et des entraînements politiques des bataillons fédérés. Comme Trochu enfin, il paraissait décidé à attendre que, de guerre lasse, les deux parties (assiégeants et assiégés) missent bas les armes, après un arrangement tel quel. Il était d’ailleurs convaincu que Paris était imprenable par la force seulement, sans reconnaître qu’au moins, sous ce rapport, fallait-il se hâter de remettre à peu près en état la partie des fortifications menacées par Versailles et remettre au plus vile en service l’artillerie de remparts, dont les pièces démontées jonchaient le sol des bastions.

Mais endormi dans une trompeuse sécurité, aucun avis ne le put tirer de son dangereux sommeil.

Enfin le nouveau délégué avait en outre le désavantage d’être en hostilité avec le Comité central, dont la Commune ne sut ni se servir ni se débarrasser et qui conservait tout entière son influence sur les troupes fédérées.

Le premier acte de Cluseret révéla nettement ses préjugés. Reprenant l’ancienne organisation du précédent siège, il reforma les bataillons de marche dans lesquels durent entrer tous les citoyens valides de 19 à 40 ans.

Mesure désastreuse s’il en fut jamais. Méconnaissant la puissance et l’énergie que peuvent donner des convictions réfléchies, pour substituer l’enrégimentement à leur spontanéité, le citoyen Cluseret nous priva immédiatement du secours important de plus de cent mille défenseurs qui, se retranchant derrière leur