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le temps au citoyen Cluseret d’asseoir son autorité et, autant qu’il nous en souvienne, vers le 20 avril, le citoyen Bergeret put siéger de nouveau librement à la Commune.

Le 5 avril, deux nouvelles démissions vinrent porter une certaine atteinte morale à la Commune. Les citoyens Ulysse Parent et Ranc, dans des lettres rendues publiques, déclarèrent ne plus pouvoir faire partie de la Commune, tout en ajoutant néanmoins qu’ils en resteraient les défenseurs dévoués : ils se contentaient, suivant l’expression du citoyen Ranc, de « rentrer dans le rang. »

La retraite de Ranc avait un caractère d’une certaine gravité, d’une part, à cause de ses anciennes attaches avec les blanquistes et des tendances socialistes qu’on lui supposait — à tort sans doute — et, d’autre part, à cause des relations plus récentes qu’il avait nouées en province, durant le siège de Paris, avec Gambetta, relations qui le pouvaient rendre propre à rallier au mouvement communaliste une partie de la bourgeoisie républicaine radicale.

Cette dernière démission, malgré les assurances de dévouement qu’elle contenait en faveur de la Commune, avait en définitive, aux yeux du grand nombre, tout l’aspect d’une condamnation des actes de celle-ci et d’une véritable déclaration de guerre à son égard.

Nous avions fait de notre côté les plus sérieuses démarches auprès du citoyen Ranc pour l’empêcher de prendre cette résolution, mais sans en avoir pu rien obtenir, trop soucieux qu’il fut peut-être en cette circonstance et de sa dignité personnelle et de son avenir d’homme politique.

Que ne s’est-il souvenu, à cette occasion, du magnifique cri de ceux dont ses amis et lui se prétendent les continuateurs : « Périssent nos mémoires ! mais que la République soit sauvée ! »