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destinées ; qu’il importe de prendre sur l’heure toutes les mesures nécessitées par la situation ;

Considérant que des hommes politiques et des magistrats de la cité doivent concilier le salut commun avec le respect des libertés publiques.


Décrète :

Art. 1er. Toute personne prévenue de complicité avec le gouvernement de Versailles sera immédiatement décrétée d’accusation et incarcérée.

Art. 2. Un jury d’accusation sera institué dans les vingt-quatre heures pour connaître des crimes qui lui seront déférés.

Art. 3. Le jury statuera dans les quarante-huit heures.

Art. 4. Tous les accusés retenus par le verdict du jury d’accusation seront les otages du peuple de Paris.

Art. 5. Toute exécution d’un prisonnier de guerre ou d’un partisan du gouvernement régulier de la Commune de Paris sera, sur le champ, suivie de l’exécution d’un nombre triple des otages retenus en vertu de l’article 4, et qui seront désignés par le sort.

Art. 6. Tout prisonnier de guerre sera traduit devant le jury d’accusation, qui décidera s’il sera immédiatement remis en liberté ou retenu comme otage.

6 avril 1871. La Commune de Paris.

Sans doute c’était revenir à des pratiques d’un autre âge, mais qui oserait en faire sérieusement un crime à la Commune, contre laquelle Versailles employait, dès le début, le massacre prémédité de ses partisans ? qui oserait reprocher ce décret à la Commune, en présence des horribles représailles dont Paris a été le théâtre depuis le retour dans Paris des représentants de « l’Ordre » ? Singulière justice, en vérité, que celle de nos historiens jusqu’à ce jour ! — On peut verser à flots le sang du peuple, à peine qualifiera-t-on « d’excès regrettables » l’affreuse boucherie qu’en auront fait les oppresseurs. Mais que celui-ci, devenu le plus fort, vienne à exercer, sur les principaux et les plus responsables de ses tourmenteurs, de légitimes représailles, aussitôt nos tendres historiens se voilent la face, criant d’une voix lamentable à la violation des droits sacrés de l’humanité !

Hypocrisie ou sottise. Qu’on fasse la balance du sang