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Cet assassinat de Duval et de ses compagnons ne pouvait plus cette fois être mis sur le compte des irritations de la lutte. Il était la conséquence d’un parti pris, indiqué déjà dans la proclamation Galiffet, relatée plus haut, mais dont nous trouvons l’aveu dans le récit même de cette nouvelle exécution, fait par l’officier supérieur déjà plusieurs fois cité :

« Quant au nommé Duval, cet autre général de rencontre, il avait été fusillé dès le matin au Petit-Bicêtre, avec deux officiers d’état-major de la Commune.

» Tous trois avaient subi en fanfarons le sort que la loi réserve à tous chefs d’insurgés pris les armes à la main[1]. »

Il était donc suffisamment avéré que Versailles, affectant de ne voir dans Paris que des insurgés, non seulement ne se contenterait pas de les faire passer devant des conseils de guerre, mais s’attribuait encore l’exécrable droit de faire exécuter sommairement les prisonniers, chaque fois que cela serait trouvé convenable.

Le massacre, l’assassinat systématique des prisonniers, voilà ce que M. Thiers ne craignait pas de représenter à l’assemblée nationale comme une preuve de sa volonté de ne point « interrompre le cours des lois. »

Qu’on s’étonne ensuite que la Commune, poussée malgré elle dans une telle voie, en soit venue à prendre les mesures indiquées dans l’arrêté dont voici la teneur :

La Commune de Paris,

Considérant nue le gouvernement foule ouvertement aux pie des les droits de l’humanité comme ceux de la guerre ; qu’il s’est rendu coupable d’horreurs dont ne se sont même pas souillés les envahisseurs prussiens ;

Considérant que les représentants de la Commune de Paris o nt le devoir impérieux de défendre l’honneur et la vie des deux millions d’habitants qui ont remis entre leurs mains le soin de leurs

  1. Guerre des Communaux de Paris, page 133, 3e édition.