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la veille par le citoyen F. Pyat, concernant le plan de sortie, et peu soucieux d’accepter plus longtemps la responsabilité d’actes décidés en dehors des délibérations communes, nous donnâmes, dès le soir du 3 avril, notre démission de membre de la Commission exécutive, ou le citoyen Avrial fut appelé quelques jours après à nous remplacer.

Le lendemain de cette funeste journée du 3 avril, une nouvelle douleur frappait la Commune, et un nouveau crime, commis par Versailles contre les « usages de la guerre[1] », venait la priver d’un de ses membres les plus courageux et les plus dévoués.

À la tôle d’un détachement de fédérés que son énergie avait rallié, à Châtillon, le citoyen l)uval tenta, le 4, dès le matin, de s’emparer du plateau qui couronne le village et sur lequel il importait que l’ennemi ne put, à l’exemple des Prussiens, dont il suivait les traces, établir ses batteries.

Refoulés malgré leur énergie persistante, et toujours mal soutenus par l’artillerie des forts, insuffisamment pourvus, les fédérés durent se retirer, laissant une quantité de leurs camarades prisonniers et, entr’autres, leur brave commandant en chef.

Duval, dévoué jusqu’à la mort aux intérêts des travailleurs dont il faisait partie[2] ; Duval, aussi modeste et bon qu’il était courageux et intelligent, fut lâchement fusillé avec trente-cinq autres prisonniers sur l’ordre qu’en donna froidement le général Vinoy, cet ancien bourreau de Bonaparte.

Duval était tombé avec une fierté et un héroïsme auxquels les journaux réactionnaires, publiés à Versailles, durent eux-mêmes rendre hommage.

  1. Revendiques plus tard par M. Thiers, au sujet de l’exécution du commandant Ségoyer, qui, fait prisonnier par les fédérés le 27 mai, aurait été passé par les armes, « sans respect des lois de la guerre ! » ajoutait M. Thiers, non sans quelqu’audace, il en faut convenir.
  2. Il exerçait la profession de fondeur en fer et était un des hommes les plus intelligents de l’Internationale à Paris.