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porte de Versailles — rive gauche — se dirigeant sur les hauteurs de Clamart et de Meudon, qu’ils avaient d’abord occupées sans coup férir, pendant que leur avant-garde s’était imprudemment avancée jusqu’à Châville, presqu’aux portes de Versailles.

Mais les prévisions de la Commission exécutive, objectées la veille à ce plan malencontreux, ne tardèrent pas à se réaliser.

La neutralité du Mont-Valérien, neutralité promise par Lullier au Comité central[1] et sur laquelle comptait follement le citoyen Bergeret, était l’indispensable condition de succès pour la sortie opérée du côté ouest. Or le Mont-Valérien, après avoir laissé les troupes fédérées s’approcher à une portée convenable, avait tout à coup vomi sa mitraille sur elles. Le premier coup de canon coûta la vie au colonel Henry, jeune officier de l’armée régulière, qui avait pris parti pour la Commune, et qui fut littéralement coupé en deux par un boulet.

Cette attaque, absolument imprévue par ceux qui la subissaient, jeta le désarroi dans leurs rangs. On crut à une trahison de la part des chefs. Les bataillons dispersés ne purent être ralliés et durent se replier sur Neuilly, dont ils barricadèrent le pont, laissant derrière eux un certain nombre de leurs camarades entre les mains des gendarmes de Vinoy.

Le malheureux Flourens y perdit la vie. L’auteur de la Guerre des Communeux de Paris raconte que le capitaine de gendarmerie Desmarest, « pourfendit net d’un coup de sabre le coupable défenseur des droits du peuple, » qui, abandonné des siens, et accompagné seulement du citoyen Cypriani, s’était réfugié dans une

  1. Le citoyen Lullier, sujet à certains accès de folie qui n’étaient un mystère pour personne, avait du être incarcéré dès le 22 mars au soir par le Comité central, qui craignait, non sans raison, les dangereux effets de son humeur fantasque.

    Nous avons déjà exprimé notre opinion sur la légèreté avec laquelle te Comité central avait accepté la prétendue promesse de neutralité rapportée par Lullier, légèreté dont la Commune paya les frais dans cette journée du 3 avril.