Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 214 —

par l’inefficacité de ces restrictions à l’égard des gouvernements qui avaient successivement cherché à s’en couvrir. Ils prédirent à la Commune qu’elle en viendrait nécessairement à remettre en vigueur l’arrêté du 12 mars, pris par le général Vinoy, arrêté logique au moins, puisqu’à la suppression, il ajoutait l’interdiction de créer de nouvelles feuilles pour remplacer celles supprimées. — Touchés de cet argument pratique, un certain nombre de membres, d’abord opposés à l’adoption du projet, s’y étaient enfin ralliés, et la Commune allait écrire une des plus belles pages de son histoire, lorsque le vole par main levée ayant été déclaré douteux, par les adversaires du projet, il fut décidé, attendu l’heure avancée de la nuit où on se trouvait, que le vote par appel nominal aurait lieu à l’ouverture même de la séance du lendemain.

Ce lendemain était le 2 avril. Le canon tonnait depuis le matin huit heures !

M. Thiers avait la veille annoncé à la province qu’il avait organisé « une des plus belles armées que la France ait possédées. » — Que n’en avait-il trouvé le moyen quelques mois plus tôt pour combattre l’invasion et délivrer Paris ! — M. Thiers venait de donner à son lieutenant, le général de cavalerie, marquis de Galiffet, l’ordre de commencer le feu. Et les gendarmes, commandés par Vinoy, avaient répondu par la fusillade à bout portant aux gardes nationaux qui les conjuraient de ne point commettre le crime épouvantable que leur ordonnait celui qui venait de livrer Paris aux Prussiens. Et ces mêmes gendarmes, quelques heures après, sur l’ordre formel de leurs chefs, massacraient froidement les quelques prisonniers qu’ils avaient faits dans ce premier engagement !

En présence de ces faits, il est facile de concevoir que la Commune n’eut guère le temps de s’occuper d’une déclaration de principes, et le projet présenté la veille fut retiré par son auteur même. Il était ur-