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le 2 avril, le canon de Versailles leur fit comprendre le péril qu’ils encouraient ! Péril hors de proportions vraiment avec le mince salaire que nous leur offrions !

Le 27 mars, la Commune abolissait la conscription, déclarant qu’il n’y aurait désormais dans Paris d’autre force publique que la garde nationale, composée de tous les citoyens valides.

Ce même jour enfin, un décret communal portait remise des loyers échus et à échoir pour Paris, du premier octobre 1870 au premier avril 1871[1].

Ces deux décrets soulevèrent de nombreuses critiques.

L’abolition de la conscription semblait être une atteinte portée aux droits de la nation, qui seule, disait-on, avait qualité pour un tel changement dans notre organisation militaire.

Sans nous occuper du caractère sagement politique de cette mesure, généralement réclamée par suite de l’altitude purement négative de l’armée durant la dernière guerre, nous ferons remarquer que dans cette occasion, la Commune, par cette formule : « la conscription est abolie, » déclarait par là que, comme commune libre, elle entendait ne plus fournir de contingent à l’armée nationale que d’après un nouveau mode adopté par elle et que, sans nul doute, s’empresseraient d’adopter les autres communes, sans pour cela cependant qu’elles y dussent être contraintes. La Commune proclamait un principe dont elle avait le droit de faire immédiatement application chez elle. Ce ne sera pas une de ses moins sages mesures de l’avoir fait, et nous revendiquons comme un honneur d’avoir voté ce décret, proposé par le citoyen Félix Pyat.

Quant au décret sur les loyers, les critiques qu’il souleva n’étaient pas toutes dénuées de fondement.

Que les propriétaires, non plus que qui que ce fût,

  1. Voir aux pièces justificatives, XV.