Page:Lefrançais - Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 205 —

Après que ceux-ci eurent exposé l’objet de leur mission, et qu’on fut tombé d’accord sur le caractère odieux des procédés du gouvernement, il fut convenu que les délégués du commerce parisien iraient à Versailles proposer l’arrangement suivant :

L’administration des postes ayant à la fois un caractère national et communal, Versailles et la Commune, représentant ce double intérêt, consentiraient, jusqu’à ce qu’il en pût être autrement décidé, à ce que la poste fût dirigée à Paris par des délégués désignés par les commerçants et les industriels de la cité. Mais afin que la perception des droits postaux afférents, d’une part, au service de Paris, et, d’autre part, au service des départements, pût être sauvegardée de tout empiétement d’une des parties intéressées, deux contrôleurs généraux surveilleraient les recettes et leur répartition suivant les droits de chacune d’elles.

L’un de ces contrôleurs eût été nommé par Versailles et l’autre par la Commune, et le service des postes eût été ainsi neutralisé au bénéfice général des intérêts moraux et économiques de Paris et de la province.

Dans son désir de ne point compromettre les intérêts généraux et de contribuer autant qu’il lui serait possible à la reprise des affaires, la Commission exécutive alla même jusqu’à autoriser la délégation du commerce à offrir à M. Thiers de neutraliser de même le service des chemins de fer et des télégraphes, menacés de subir le même sort que celui des postes.

Ce n’est pas, cependant, que la Commission exécutive se fit illusion sur les résultats probables de cette démarche. Mais encore fallait-il qu’elle fût tentée, afin de convaincre Paris que si la Commune était décidée à appuyer, même par la force des armes, l’accomplissement de son mandat, elle était également résolue à ne point provoquer de conflit et à mettre tout l’odieux de l’agression du côté de Versailles.

La démarche des délégués n’eut, en effet, aucun succès. Ils ne purent obtenir de M. Thiers aucune con-